Seule, le corps languissant sur cette plage de sable fin, les pensées errantes, je me laissais habiter une nouvelle fois par mes souvenirs. J’aimais imaginer nos moments comme s’ils existaient encore, comme s’il était possible de ressentir ces toutes premières fois ! Je le sentais parfois si loin de moi, mais son souvenir m’habitait étrangement et c’était tellement délicieux de pouvoir lui appartenir dans ma solitude. Comme si tout ce qui nous séparait n’existait pas, comme s’il était possible de tout recommencer. Laissant derrière moi toute cette amertume qui nous avait liée avec autant de férocité que cet amour brûlant et incontrôlable. Ou est il à présent, si loin de ma vie ? Que devait il réussir de si précieux sans moi ?
La brise légère rafraîchissait mon esprit échauffé par ces souvenirs si douloureux encore. Ses mains qui savaient si bien dessiner mon corps, quel autre monde dessinaient elles aujourd’hui ? J’avais cette douleur sourde en moi, mais je ne savais pas comment éteindre cette braise encore si ardente qui nous avait éloigné l’un de l’autre.
Est il finalement plus douloureux de se souvenir, ou est il encore plus douloureux de vouloir effacer toute trace d’un amour si fougueux, complémentaire, et encore tellement vivant ?
Je fouillais le sable de la pointe de mes pieds, cherchant à enfouir tout sentiment de regret qui m’empêchait de respirer loin de lui. Je voulais simplement à cet instant imaginer que les premières fois sont innombrables et tellement différentes. Mais il y a en toujours qui sont telles des câlins du matin… ouvert sur le monde ! Je voulais juste croire que nos chutes ne sont jamais vaines, mais qu’elles sont l’accès à de nouveaux potentiels de notre « vivance ». Nos chutes ne sont finalement que le départ d’un accomplissement de soi encore plus grand et plus beau ! Elles sont le départ… d’une vie différente !
Il n’y a finalement pas vraiment de solitude féroce, pensai je ! Il y a plutôt un véritable espace ouvert pour une découverte de soi. Il n’y a que dans cette traversée que je pourrais imaginer retrouver secrètement ce sentiment indéfinissable d’être présente à moi-même, à l’endroit ou il faut, avec la personne qui me correspond !
Le seul miracle que je pouvais m’accorder à présent était celui de ma mouvance dans ce monde. C’est dans cette bulle, que je pourrais enfin le faire entrer pour l’entendre, susurrant à mon oreille les mots qui soigneront mes maux. Laisser ces mains glissaient le long de mon corps et le dessinait enfin dans une confiance douce et sereine. Autoriser son souffle grandissant, soulever mon âme et entraîner mon esprit dans une jouissance parfaite. Donner à son sexe gorgé de plaisir l’accès à mon intérieur chaud et humide, pour pouvoir enfin s’unir dans une immense douceur. Laissant l’effluve de ses sens m’appartenir sans crainte, ni gêne. Sentir son plaisir m’envahir, oser accepter enfin le don de « sa petite mort » comme un cadeau de la vie.
Il existe des amours qui nous offrent un espace construit, et le meilleur à notre vie.